dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

17 ¦ 11 ¦ 2019
Médiations

L'édito du poète

17 ¦ 11 ¦ 2019 · Médiations Le positionnement des résident·e·s
En questionnement Le flou vis-à-vis de son futur de plus en plus proche
Illustration Outil de médiation imaginé par les stagiaires d’Horizome, juillet 2019
Auteur·e·s Thomas, membre d'Horizome, référent concierge du projet Odylus d'avril 2019 à octobre 2020

↘ Pas besoin de vous dire que les travaux continuent : l’Odylus est un chantier permanent. Dedans, devant, sur la route, il n’est pas seul à vivre cette constante métamorphose de nos quartiers. Mais si notre environnement est temporaire, il l’est plus pour certains que pour d’autres. Alors que les chantiers voisins préparent les prochaines décennies, l’Odylus n’est là que pour un an encore.

 « À quoi bon peindre et repeindre pour le temps que ça dure ? »

— entend-on ces derniers jours.
Et c’est la question que je retiendrai aujourd’hui.

Il semblerait que les débats et démarches en faveur de l’occupation des locaux vacants à Strasbourg gagnent en ampleur et en contexte : l’Hôtel de la Rue, le squat Bugatti, la maison Mimir ou l’Odylus, squats ou logements d’urgence, sont des réponses bien différentes dans le but d’accéder à un logement pour un temps court et incertain. On parle maintenant d’« urbanisme intercalaire ».

Pourtant, on vous demande de vous l’approprier et d’en faire un chez vous jusqu’à nouvel ordre. Malheureusement, il est difficile d’oublier les conditions d’hygiène et de sécurité que nous partageons. Dans cet immeuble passoire, cela va sans dire que cela va sans douche, sans eau chaude, voire sans eau tout court, à moins que l’on ne la récupère du toit : on en trouve là où on n’en veut pas et on en cherche là où il n’y en a pas. Ascenseur, extincteurs, et détecteurs sont au banc des absents… reste à compter sur les résidents vigilants.

On pourrait alors s’arrêter là. A quoi bon prendre le temps quand il s’agit de penser à la suite ? A quoi peut donc servir ce temps pour rien ? Trouver un futur logement, voici un objectif concret qui vous attend. Mais comment se sentir bien, ici et maintenant ? Ce temps peut être celui pour dire les choses, partager les difficultés mais aussi les bons moments, et s’il le faut, les créer. Brandir son identité singulière et ses qualités au sein d’un groupe aux visages multiples. Réfléchir et s’exprimer de mille manières détournées avec le Noun, pour écrire, crier, nous construire, vous cuisiner, enfin souder une relation plus ou moins sérieuse entre nous et le quartier.

C’est l’heure à la fête, ce temporaire est pour le moment un temps pour rire ! ↙